Léo-Sacha Guia

Designer pour un monde Soutenable

La remorque des jeunes de la Fondation OVE

2024, pour l’autonomisation des adolescents à travers leur mobilité, avec les coordinateurices Rémi Couzon et Julia Lemery de la Fondation OVE.

La fondation OVE a pour mission d’accueillir, de prendre en charge et d’accompagner des enfants, des adolescents et des adultes, en situation de handicap, de dépendance, ou en difficulté sociale.

Dans le cadre de cet accompagnement, la fondation OVE s’engage dans le développement d’initiatives artistiques et culturelles au sein de ses établissements. Ainsi, en 2024, la fondation a suggérée à 3 artistes d’explorer le vélo comme support d’apprentissages, de découvertes et d’expression de soi avec des adolescents.

La résidence

  • Préparation de la résidence
  • Session n°1 : L’imagination
  • Session n°2 : Le maquettage
  • Session n°3 : La fabrication
  • Session n°4 : L’essai
  • La remorque après la résidence

Préparation de la résidence

Été 2023 au Printemps 2024

Le musicien à vélo Joube, le metteur en scène Nicolas Ramond et moi-même, avons organisé en juillet 2023 des animations auprès des éducateurices de la fondation OVE. Je rencontre à ce moment-là Rémi Couzon, coordinateur du SESSAD de Montferrand à Clermont-Ferrand, qui déterminera la suite du projet. Nous montons alors le projet de résidence qui permettra à 4 adolescents de 12 à 15 ans de fabriquer en autonomie leur propre remorque à vélo.

Session n°1 : L’imagination

Mercredi 13 mars après-midi

Que transportons-nous ? Et que pourrait-on transporter ? Voici des questions auxquelles ont fait face les adolescents. Mais l’objectif est de décloisonner l’imaginaire ! Oui, on peut déplacer une piscine. Oui, on peut déplacer un baby-foot. Oui, on peut déplacer un barbecue. Et oui je vous l’accorde… on peut déplacer une console de jeu avec des panneaux solaires pour geeker n’importe où… mais c’est pas l’objectif là. Tant d’idées qu’il faut noter pour garder à l’esprit que la remorque à vélo est un ovni non figé, malléable et évolutif.

Afin d’appréhender l’objectif final de fabriquer la remorque, nous sommes allés à la rencontre d’un acteur local du vélo : l’atelier associatif d’auto-réparation d’Un Guidon dans la Tête. Projet vélo oblige, on s’y rend à bicyclette en crew. Durant cette sortie plein air, les jeunes ont pu découvrir l’univers folklorique des cycles à 1, 2, 3 ou 4 roues. Même si E.T. en premier plan est « breson », ça nous empêche pas de rire.

Session n°2 : Le maquettage

Mercredi 27 mars après-midi

Deux semaines après, les idées ont muris dans un coin de la tête des jeunes. On commence le dessin ! Les idées fusent sur la table. Les jeunes sont rivés sur leurs feuilles et entre dans une bulle fantastique qui leur est chère. S’ensuit un moment d’échange qui permet à chacun de rebondir sur les idées des autres. Désormais, il faut choisir ! Absolument pas, on va créer plusieurs modules.

On fait table-rase et on change d’outils : un plan, un fer à souder et un lot de pièces à assembler. Les enfants surpassent leur handicap et démontrent une capacité de concentration et d’assiduité remarquable vis à vis du plan. Et si c’était une solution ? La maquette de la remorque n’est finalement qu’un jeu, dans lequel les jeunes sont les artisans de leur jouets. Chacun finit la séance en repartant chez lui avec sa maquette.

Session n°3 : La fabrication

Mercredi 17 et jeudi 18 avril

La fabrication commence. Les jeunes sont prêts, ils ont déjà prouvés qu’ils savaient suivre rigoureusement un plan. Toutefois, les choses se gâtent. L’erreur est tolérable, mais pas réplicable. Le poinçonnage par exemple, ne convient qu’à Théo, 14 ans, qui est remarquablement précis. Rayan, 12 ans, fait équipe quant à lui avec David, le responsable de l’atelier métal du SESSAD de Montferrand. La quasi totalité du débit des tubes et de leur perçage sont réalisés sur les 2 jours de résidence.

Désormais, l’assemblage commence. La remorque prend forme et la motivation se décuple. L’objet née vraiment sous les yeux des jeunes. C’est leur travail qui s’accomplit !

Informés de la présence de la résidence et du projet, les journalistes débarquent pour partager localement le travail des jeunes du SESSAD de Clermont-Ferrand et de l’engagement de la fondation OVE. L’ensemble de l’équipe pédagogique était touchée de voir Théo assez timide et ému face à la journaliste de Nostalgie qui lui dédira un moment radiophonique dans la matinale.

Enregistrement diffusé le 24 avril sur Nostalgie Clermont-Ferrand dans la matinale

Session n°4 : L’essai

Lundi 8 et mardi 9 juillet

Pochoirs improvisés, bombe à la main, Liam et Rayan donnent un petit coup de pep’s, de rock et de désinvolture à cette boite d’aluminium. Parce que c’est notre prooojjjet !!

Dans cet environnement d’asphalte, de caisse en tôle et hermétique à toute forme de vie sauvage, les jeunes contrastent avec leur corps et leur bonne humeur. Leur souhait ? Tracter son pote. Let’s go ! Les petits plots de moto-école invitent au slalom, ce que nous recommandons aux jeunes avec l’éducateur. Mais que nenni ! Allure relaxé, ils nous ont leurré et ont filé tout droit. Les plots s’écrasent contre la remorque et les fait éclater de rire. Nous étions mécontent du respect des consignes, mais le sourire était aussi sur nos visages !

Voir cette complicité entre les jeunes, je crois que c’est la plus belle des surprises dans ce projet. Les 4 mois de résidence, entrecoupés de longues semaines, ont permis à Théo, Liam, Noé et Rayan d’explorer l’univers fantastique et folklorique du vélo. La remorque Lovélo – entendons Love Vélo et L’OVE Vélo – continue désormais sa route sans ma supervision et est amené à se métamorphoser au fil du temps. Les jeunes et éducateurices du SESSAD de Montferand sont les heureux propriétaires d’un objet non identifié, et sont autonomes grâce à la résidence pour la modifier à leur guise.

La vie après la résidence

Ci-après figureront les photos de la remorque prises par les éducateurices.